12 juillet 2023

 

Lessay. 30 ans des Heures musicales : Les petites histoires dans la grande

Musique. Le festival des Heures musicales de Lessay fête ses 30 ans, dès le 18 juillet. Les membres historiques content leurs souvenirs.
Lessay. 30 ans des Heures musicales : Les petites histoires dans la grande
Marie-Agnès Legoubey et Roselyne Finel, membres historiques des Heures musicales de Lessay, entourent Christophe Jeanson, président de l'association, dans le cloître de l'abbaye.

• Le premier concert

Les Heures musicales de l'abbaye de Lessay sont nées en 1993, quand les propriétaires de l'abbaye, Edme et Daniela Jeanson, prennent l'initiative de consacrer à la musique ce lieu historique aux propriétés acoustiques extraordinaires. Le tout premier concert est organisé la même année. "Tout le monde était là. On avait 800 personnes dans l'abbatiale, il y en avait partout !", se souvient Marie-Agnès Legoubey, l'un des piliers de l'événement à ses débuts. Le succès de ce premier rendez-vous mettra le festival sur les bons rails, qu'il n'a pas quittés trois décennies plus tard.

• Le camion à bestiaux

Dès son lancement, le festival accueille des artistes internationaux. C'est notamment le cas d'un ensemble d'Europe de l'Est qui fait le déplacement jusqu'à Lessay au milieu des années 90. L'époque est marquée par la chute des régimes communistes sur le continent. Pour ne pas tenter les musiciens du groupe de profiter du concert pour rester en France, le trajet est effectué dans "une sorte de camion à bestiaux, avec seulement de toutes petites fenêtres en hauteur pour ne pas voir l'extérieur", se rappelle, alors interloquée, Marie-Agnès Legoubey. Le concert avait en outre failli être annulé car tous les musiciens n'étaient pas en règle sur le territoire français…

• Ivre avant le concert

Il y a 15 ans, le concert commençait comme de coutume à 21 h dans l'abbaye de Lessay. Mais à 20 h 52, c'est la panique en coulisses : les musiciens manquent toujours à l'appel. "Je les ai cherchés partout", se souvient Marie-Agnès. "Nous les avons finalement retrouvés en train de danser, disons un peu… ivres." Le concert commence finalement comme prévu, même si le chef de chœur ne semble pas très à l'aise. "Il a répété deux fois son discours sans s'en rendre compte", s'amuse Roselyne Finel, une autre mémoire de l'association. "Je crois que tout le monde ne l'a pas vraiment remarqué…"

• Le curé et le flamenco

Il y a quelques années, une partie des concerts du festival était délocalisée à l'église de Canville-la-Rocque, près de Portbail. La coutume voulait que l'on invite alors le curé du village. Mais ce soir-là, visiblement peu passionné par la première partie, l'homme d'Eglise s'est assoupi en plein concert… jusqu'à ce que le spectacle de flamenco l'extirpe soudainement de sa torpeur. Assis au premier rang devant l'estrade, le curé, comme envoûté, n'a plus quitté les danseuses des yeux. "A ce moment-là, le spectacle, c'était de regarder le curé !"

• La traversée de la Manche

A l'été 2020, en pleine pandémie de Covid-19, le Royaume-Uni décide de fermer ses frontières. La nouvelle tombe en plein concert d'un groupe britannique, qui apprend à l'issue de sa prestation qu'il doit retourner en Angleterre avant 4 h du matin, sans quoi ses membres resteront bloqués en France. Une course contre-la-montre s'engage avec l'organisation. Alors que tous les vols et ferrys affichent déjà complet, le salut est finalement venu d'un bateau de pêche de Cherbourg.
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