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22 août 2024
L’orgue de Lessay a fêté ses 30 ans cet été
Inauguré en juillet 1994, l’orgue de Lessay (Manche) a fêté cette année ses 30 ans. Dans l’abbaye de style roman, cet instrument de musique rouge et moderne, à l’initiative du facteur d’orgue Jean-François Dupont, est rempli d’histoire.
L’orgue de Lessay (Manche) souffle ses trente bougies, cet été. Inauguré le 21 juillet 1994 dans l’abbaye de la ville, l’instrument se démarque de l’architecture romane et épurée, avec sa forme en croix et sa couleur rouge. Michel Pinel, historien de la Manche, faisait partie de l’association qui a contribué à la création de cet orgue.
Un facteur d’orgue du Calvados
« Avant la Seconde Guerre mondiale, il y avait un autre orgue, commence l’historien. On en sait très peu de choses, à part une photo et une mention en 1928. » En 1944, les bombardements du Débarquement allié touchent la ville.Le premier, le 7 juin, vise Lessay et fait de nombreux blessés, mais l’abbaye n’est pas très touchée. La destruction de la ville a lieu le lendemain, dans le bourg. « C’est le 11 juillet que le soldats allemands, au moment de partir, ont fait sauter 25 mines au pied des piliers du transept. L’abbatiale s’est écroulée, et l’orgue avec… » La reconstruction a ensuite duré douze ans. En 1993, l’association des Amis de l’abbatiale, dont Michel Pinel était le vice-président, crée le festival Les Heures musicales de l’abbaye de Lessay. « L’année suivante, le président, M. Jeanson, a proposé de faire construire un orgue. Il a d’abord fait appel à un facteur d’orgue, Jean-François Dupont, originaire d’If (Calvados) . » Le facteur travaille alors avec un architecte de Honfleur, Henri Hémon. C’est lui qui construit le buffet, la structure en bois dans laquelle sont placés les tuyaux.Un orgue moderne dans une abbaye romane
Après la proposition de Jean-François Dupont, des discussions débutent « entre la paroisse, la commune, l’association et les monuments historiques ». « Il fallait essayer de mettre tout le monde d’accord, explique Michel Pinel. Une des questions, c’était de trouver l’emplacement. Il est très vite apparu qu’on allait le placer dans le croisillon nord du transept, c’est là qu’il était autrefois. C’était aussi le mieux du point de vue acoustique. » Autre source de débat : la visibilité ou non de l’orgue depuis la nef. « C’est un peu un intrus dans l’abbatiale. Elle a une valeur de monument roman : à la Reconstruction, l’architecte Yves-Marie Froidevaux avait essayé de lui faire retrouver sa simplicité et sa pureté d’origine. C’était difficile de caser un orgue moderne, rouge, dans un édifice comme ça… Ça pouvait choquer un peu. Mais c’était aussi la volonté du facteur : il voulait que ça suscite des réactions. » L’année dernière, l’orgue a été restauré. « Tous les vingt à trente ans, on doit faire un relevage, explique Hubert Bulot, titulaire de l’orgue de Lessay depuis une quinzaine d’années. Ça consiste à nettoyer tous les éléments de l’orgue. C’est un travail assidu, car il y a 1 500 tuyaux, il faut tout dépoussiérer, puis réaccorder. » Avec ses 23 jeux, ses trois claviers et son pédalier, l’instrument est d’esthétique allemande : « Il est plutôt fait pour jouer du Bach, des chorals. Il a un son scintillant, brillant, pour que toutes les voix des fugues soient audibles. » Le 30 juillet, un concert a été donné pour les 30 ans de l’orgue par Olivier Latry, le titulaire de l’orgue de Notre-Dame de Paris.21 août 2024
Les Heures musicales, 4500 mélomanes pour la 31e édition
Lessay. Les Heures musicales, 4500 mélomanes pour la 31e édition
Musique. A la tête de l'ensemble Les Cris de Paris, Geoffroy Jourdain concluait le festival avec le programme David et Salomon consacré au compositeur allemand Heinrich Schütz, célèbre 100 ans avant Bach.
Après le bref morceau joué au début de chacun des concerts par l'organiste Hubert Bulot, mardi 13 août, le président Christophe Jeanson saluait l'implication des bénévoles et des mécènes publics et privés pour le succès de la 31e édition des Heures musicales. Cette édition, fréquentée par 4 500 mélomanes, elle a été marquée par la première mondiale de Azahar, création de Simon-Pierre Bestion, et le trentième anniversaire de l'orgue sur lequel ont joué Benjamin Alard, titulaire de l'orgue de Saint Louis en l'Ile de Paris et Olivier Latry, titulaire des orgues de Notre-Dame de Paris, en avant-première de la réouverture de la cathédrale le 8 décembre.
Puis, à la tête des 16 chanteurs et 16 instrumentistes de l'ensemble Les Cris de Paris, Geoffroy Jourdain concluait le festival. Il dévoilait les œuvres de Heinrich Schütz, compositeur allemand du XVIIe siècle influencé par le Vénitien Giovanni Gabrieli. Deux patriarches étaient célébrés à travers les psaumes du musicien David et Salomon, le poète du cantique des cantiques. Jubilation chorale et orchestrale !
15 août 2024
Mon beau miroir
Mon beau miroir par Emiliano Gonzalez Toro et I Gemelli à Lessay
Le 15/08/2024 Par José Pons
Le Festival des Heures musicales de l’Abbaye de Lessay convie Emiliano Gonzalez Toro et son ensemble I Gemelli à se produire pour la première fois sous les voûtes majestueuses de l’église abbatiale située dans la Manche.
Pour sa 31ème édition, le Festival Les Heures Musicales de l'Abbaye de Lessay affiche un programme de prestige et fort diversifié associant sur juillet et août, Les Arts Florissants et Paul Agnew pour l’Orphée de Gluck, les organistes Benjamin Alard et Olivier Latry, mais aussi l’Ensemble Aedes et Mathieu Romano pour un concert dédié à Bach, The Tallis Scholars, Le Poème Harmonique de Vincent Dumestre pour un programme Purcell, Simon-Pierre Bestion, et en clôture Les Cris de Paris et Geoffroy Jourdain pour les rares psaumes de David et de Salomon d’Heinrich Schütz.
Pour sa première invitation à Lessay, Emiliano Gonzalez Toro a choisi de présenter son programme déjà bien rodé intitulé A Room of mirrors et présenté notamment au sein de la Cathédrale Saint-Louis des Invalides en mai dernier. À ses côtés, le ténor Juan Sancho se substitue ici avec le même bonheur à son confrère Zachary Wilder. Ce concert de madrigaux italiens du XVIIe siècle propose des solos et des duos pour ténors magnifiant l’amour et ses engagements, en passant des situations les plus sérieuses aux plus réjouissantes. Ainsi, dans l’air savoureux de Biagio Marini, La Vecchia innamorata, les charmes d’un jeune homme sont convoités par une vieille dame, tandis que lui-même se trouve éconduit par la jeune fille dont il est épris. Juan Sancho excelle à exposer les affres successives du personnage. L’air "Giunto alla tomba" de Sigismondo d’India, en forme de plainte et de déploration, permet à Emiliano Gonzalez Toro d’exposer toute une gamme de sentiments plus graves et particulièrement expressifs. Entre chanson à boire (Damigella tutta bella de Vincenzo Calestani) et air introspectif (Dialogo della Rosa de Giambattista Marino), les deux artistes s’en donnent à cœur joie, notamment dans les duos où chacun rivalise amicalement de virtuosité et d’élégance musicale.
Les deux voix de ténors, tout en se mariant parfaitement dans une même qualité d’ensemble, paraissent fort différentes. Celle d’Emiliano Gonzalez Toro plus grave de timbre et plus assise dans le médium avec certaines notes presque barytonnales, marque une aisance et une facilité certaines jusque dans les aigus. Il sait manier la phrase, évoquer une atmosphère tout en livrant un chant vibrant et vif. Juan Sancho possède un timbre beaucoup plus clair, un aigu radieux et un sens festif inné. Le placement vocal est tout autre, assez haut en soit et précis. Le feu d’artifice qu’ils livrent tous deux à égalité ne sombre jamais dans la démonstration et la facilité. La musique et l’expressivité se placent toujours au premier plan de leur interprétation.
Le magnifique duo évoquant les émouvantes retrouvailles d’Ulysse et de Télémaque dans Le Retour d'Ulysse dans sa patrie de Claudio Monteverdi le démontre sans appel. Tout en chantant et en se dépensant sans compter au plan scénique comme à son habitude (il présente en sus chaque morceau aux spectateurs présents), Emiliano Gonzalez-Toro dirige I Gemelli avec précision et un amour du baroque qui surgit à chaque instant. Devant le triomphe unanime remporté en fin de concert, il paraît certain que d’autres invitations devraient intervenir dans le cadre des prochaines saisons de l’Abbaye de Lessay.
9 août 2024
Ces 4 abbayes normandes à découvrir
Réalité augmentée, visites insolites, concerts : ces 4 abbayes normandes à découvrir autrement cet été
Historia a sélectionné pour vous quatre abbayes à ne pas manquer, situées dans le Cotentin, dans le département de la Manche, au cœur d’une nature préservée. Toutes proposent des animations permettant de concilier découverte du patrimoine et activités ludiques et culturelles.
Par Véronique Dumas
Le parcours de visite en « géocaching » à Cerisy-la-Forêt
En lisière de forêt, la majestueuse abbaye bénédictine de Cerisy, dont les bâtiments se reflètent dans une pièce d’eau située en contrebas, invite à la flânerie et au repos. Elle est dédiée à saint Vigor, l’un des premiers évangélisateurs de la région et évêque de Bayeux au VIe siècle. Ce fleuron de l’architecture romane normande est fondé en 1032 par le duc de Normandie, Robert le Magnifique. Son fils, Guillaume, futur roi d’Angleterre, poursuit l’œuvre de son père et fait construire l’église abbatiale, en pierre de Caen. Elle ne sera achevée qu’à la fin du XIe siècle. Saint-Vigor se distingue, entre autres, par son abside, unique au monde, avec ses quinze fenêtres sur trois niveaux lui apportant une exceptionnelle luminosité. Les quarante stalles qui s’y trouvent sont les plus anciennes de Normandie. Démantelée à la Révolution, l’abbaye, qui est inscrite au registre des Monuments historiques depuis 1840, fait, depuis le milieu du XXe siècle, l’objet de restaurations. Elles ont redonné à cette fondation ducale, puis royale, une grande partie de sa splendeur passée. Le plus : un parcours de « géocaching », intitulé « L’abbaye Saint-Vigor à travers les âges », est proposé pour explorer son histoire millénaire. Le principe consiste, en premier lieu, à géolocaliser, via l’application mobile Géocaching, un géocache. Il s’agit d’un emplacement secret qui se trouve, en plein air, dans l’enceinte de l’abbaye. Une fois celui-ci découvert, le visiteur, en scannant un QR Code a accès à des pistes et des indices permettant de trouver quatre autres géocaches. Chacun d’entre eux contient des capsules sonores et des illustrations anciennes de l’abbaye, montrant son évolution architecturale et la façon dont vivent ses habitants, au fil des siècles.A noter :
Abbaye de Cerisy-la-Forêt, rue Sangles, Cerisy-la-Forêt. Ouverture jusqu’au 1er novembre. L’église abbatiale est fermée aux visiteurs pendant les offices, mais les autres espaces d’exposition restent accessibles. Des visites guidées sont organisées tous les mercredis à 15h jusqu’en septembre et tous les vendredis à 10h30 en août. À voir également : le parc des sculptures, situé au pied de l’abbaye, abrite des œuvres de sculpteurs français et internationaux.Le festival musical de La Lucerne
Nichée au creux d’une vallée verdoyante, entourée d’un parc ombragé où sont encore visibles les vestiges d’un aqueduc du XIXe siècle, cette ancienne abbaye prémontrée possède un charme ineffable. Fondée en 1143, elle a été classée en 1928 et fait l’objet, depuis 1959, d’un remarquable travail de sauvegarde, de restauration et de restitution, réalisé dans le respect de l’esprit monastique du XIIe siècle. Il existe peu d’abbayes en France qui présentent un ensemble architectural médiéval aussi complet. Sur cinq hectares, les visiteurs peuvent découvrir, en particulier, la porterie, l’abbatiale avec sa tour-clocher anglo-normande à la charnière entre les styles roman et gothique, le cloître avec son lavabo des moines, unique en Normandie. Sans oublier le colombier ! Cette impressionnante tour ronde, qui date du début du XIIIe siècle, possède entre 1 500 et 1 700 trous de boulins et près de 3 000 pigeons y nichent au Moyen Âge. Succès garanti auprès des enfants ! Le plus : Le festival musical de l’abbaye de la Lucerne, organisé par l’association Les Amis de La Lucerne, célèbre ses 70 ans. Le dernier concert de la saison 2024 aura lieu le samedi 21 septembre, dans le cadre des Journées européennes du Patrimoine, avec un exceptionnel récital d’orgue. Réservation conseillée.A noter :
Abbaye de la Lucerne, La Lucerne d’Outremer. Ouvert du lundi au samedi de 10h à 18h et le dimanche de 14h à 18h. De nombreuses manifestations culturelles se déroulent toute l’année sur le site : des visites guidées et thématiques, des découvertes nocturnes, des concerts, des expositions, des animations familiales et des ateliers.La visite en réalité augmentée de Notre-Dame de Hambye
Située dans la vallée de la Sienne, au cœur d’un environnement protégé au titre des espaces naturels sensibles, l’ancienne et vaste abbaye bénédictine de Hambye frappe le visiteur par la beauté romantique des ruines de son église abbatiale. Ses bâtiments monastiques ont été préservés. Fait rare, ils ont été peu transformés depuis leur édification au XIIe siècle et recèlent deux trésors médiévaux : le scriptorium des moines et une exceptionnelle salle capitulaire du XIIIe siècle, bijou du gothique normand. Le plus : une découverte de l’abbaye au temps de sa splendeur, grâce à un dispositif de réalité augmentée « Hambye 3D », a été mis au point par des archéologues, des historiens et des concepteurs numériques. Des tablettes, disposées dans le parcours de visite extérieur et librement accessibles, permettent de découvrir de manière immersive, via des images à 360°, les espaces monastiques et la vie au sein de l’abbaye au Moyen Âge.A noter :
Abbaye de Hambye, route de l’abbaye, Hambye. Une exposition permanente, « Histoires de l’abbaye », retrace les 900 ans de son histoire à travers des maquettes, photographies, vidéos ainsi que des objets et vestiges archéologiques Un stage-atelier de taille de pierre est organisé tous les mardis jusqu’au 20 août, dans l’église abbatiale. À noter également : le 17 août, une soirée poésie et patrimoine aura lieu dans la salle capitulaire. Une visite au crépuscule en compagnie de Jean-Paul Ollivier, ancien directeur de la DRAC, Direction régionale des affaires culturelles de Normandie et président de l’association des amis de l’abbaye, terminera la soirée. Réservation conseillée.Les Heures musicales de Sainte-Trinité de Lessay
Le visiteur est parfois étonné par l’aspect intact de cette ancienne abbaye bénédictine romane. Fondée en 1056, l’église est l’une des premières à abriter une voûte sur croisées d’ogives. Fait insigne, elle traverse la Révolution française sans dommage. Hélas, le vénérable édifice est piégé par les troupes allemandes en retraite, le 11 juillet 1944. Entre autres munitions, 25 mines anti-chars ont raison de la nef, qui s’effondre. Grâce à l’action du propriétaire des bâtiments conventuels, l’industriel Edme Jeanson, et au soutien passionné des habitants du village, l’édifice est reconstruit tel qu’il était au XIe siècle, entre 1945 et 1958, sous la houlette d’Yves-Marie Froidevaux, architecte en chef des Monuments historiques. Grâce à la qualité du mortier employé par les ouvriers du Moyen Âge, les maçonneries restées debout sont consolidées. Les ruines, quant à elles, sont démontées, pierre par pierre. Cette reconstruction exemplaire fait encore aujourd’hui référence. Le plus : chaque été, l’abbaye accueille un festival international de musique classique très renommé. Les derniers concerts de la programmation 2024 des Heures musicales de l’abbaye de Lessayauront lieu les 9 et 13 août.A noter :
Abbaye de Lessay, rue Paul Jeason, Lessay. La visite guidée de l’église abbatiale de Lessay avec accès aux parties privées – le cloître et le jardin. Tous les mercredis en août à 15h30. Informations auprès de la Maison des loisirs et de la découverte au 02 33 45 14 34. Réservation en ligne exigée.8 août 2024
Lessay. Azahar en première mondiale aux Heures musicales
Lessay. Azahar en première mondiale aux Heures musicales
Musique. Avec les 40 interprètes de la compagnie La Tempête, le chef a maîtrisé une mise en scène spectaculaire mêlant musique, lumières et spatialisation.
Heures musicales. Un public conquis découvrait, mardi 6 août en première mondiale, Azahar, de Simon-Pierre Bestion à la tête de La Tempête autour des premiers chants polyphoniques de Guillaume de Machaut et d'Alfonso el Sabio du XIIIe siècle, associés à Stravinsky et Ohana du XXe.
7 août 2024
Emiliano Gonzalez Toro dans L’Agenda de l’Eté
Emiliano Gonzales Toro / Les heures musicales de l'Abbaye de Lessay
L'agenda de l'été avec Emiliano Gonzalez Toro pour Les heures musicales de l'Abbaye de Lessay. Et le meilleur des festivals de l'été 2024 : le Festival de Menton, Classiques du Prieuré, Musique en Sol, Les Musicales du Golfe et bien d'autres !
Pour écouter l'interview