Joëlle Petrasek est ravie. Entre les bancs alignés dans l’église abbatiale de Lessay, près de Coutances (
Manche), la coordinatrice artistique du festival Les Heures musicales sourit en regardant les visiteurs s’asseoir et apprécier la répétition qui vient de démarrer, mardi 25 juillet 2023.
« Ce qui est merveilleux, quand on joue dans un lieu ouvert au public comme celui-ci, c’est que n’importe qui peut venir écouter les répétitions gratuitement », se délecte-t-elle.
Être à la hauteur pour cette 30e édition
Le festival lui a confié les rênes de sa programmation en 2022, ainsi qu’à Ève Delfiner et Franck Krawczyk. Tous les trois font partie de la structure Plein jour, basée en Île-de-France, qui aide à mettre en place des projets musicaux et artistiques. En arrivant, Joëlle Petrasek a découvert ce bijou du patrimoine normand en même temps qu’elle a eu à réfléchir à la programmation des concerts qui y ont lieu. Avec le défi d’organiser, du 18 juillet au 11 août 2023, une trentième édition,
à la hauteur des trois décennies d’existence du festival.
« Faire acte de mémoire »
« Nous avons cherché à faire acte de mémoire en signifiant l’importance de certains artistes et ensembles », qui ont fait les grandes heures du festival, explique Joëlle Petrasek. William Christie et Paul Agnew, lors de deux soirées exceptionnelles avec Les Arts Florissants, mais aussi Laurence Equilbey avec Insula orchestra, ou encore Vincent Dumestre, directeur du Poème harmonique, avec le chœur de La Tempête…
La liste de grands noms de musiciens et ensembles baroques passés par Lessay serait trop longue à dresser. Mais ce trentième anniversaire est aussi un passage du flambeau à la nouvelle génération.
« Pour la deuxième semaine de festival, on s’est dit, place aux jeunes ! Marie-Andrée Bouchard-Lesieur fête elle aussi ses 30 ans, explique la programmatrice.
Elle a même été bénévole au festival par le passé. » La mezzo-soprano originaire de Carentan-les-Marais est, au même instant, en train de répéter ses vocalises à la croisée du transept de l’église, avant son concert du soir.
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Un projet de résidences artistiques
En donnant place à la jeunesse, l’idée n’est pas de
« révolutionner la coquille du festival », assure Joëlle Petrasek, mais la coordinatrice artistique est persuadée du potentiel créatif de ces nouveaux musiciens.
« On a affaire à des jeunes ensembles qui intègrent leur propre sensibilité aux partitions. Ils n’écoutent pas la même musique qu’ils jouent. Ils ont un tempo en eux et un environnement sonore tels que, quand ils jouent, ça rencontre la musique qu’ils écrivent. L’énergie et le relief sont différents. »
Joëlle Petrasek a alors l’ambition de donner une place à la création au sein du festival, notamment à travers des résidences artistiques dans l’abbatiale, permettant aux musiciens de créer les œuvres qu’ils joueront sur la scène des Heures musicales. Mais elle en a conscience, ce rêve ne se réalisera pas en un jour :
« C’est un projet pour les trente prochaines années. »
