Olivier Mantei : « Laisser chaque maison assumer la responsabilité des conditions de réouverture »
Olivier Mantei : « Laisser chaque maison assumer la responsabilité des conditions de réouverture
Olivier Mantei, Directeur de l’Opéra Comique, co-actionnaire des Bouffes du Nord et Président du Festival des Heures Musicales de l'Abbaye de Lessay fait le point sur sa gestion de la crise du Covid-19 et dévoile ses préconisations pour la reprise.
Je souhaite ouvrir dès que possible. Nous allons encore subir des annulations liées à des raisons logistiques de transport et d’engagements internationaux. Il va falloir s’adapter et être réactifs, même si la réactivité n’est pas la première qualité de l’opéra. Nous aurons une vision plus précise à compter du 2 juin, lorsque nous aurons mesuré l’impact du déconfinement. Soit vous avez un vent d’optimisme qui souffle, et va alors s’installer l’idée que le virus est maîtrisé, au moins temporairement, et nous pourrons alors ouvrir de plus en plus les salles, soit les indicateurs ne sont pas bons et ce sera plus compliqué. Je suis président du Festival de Lessay : la programmation est prête. Nous avons tout prévu pour pouvoir jouer : la jauge réduite, les mesures barrière, la réduction du programme, la réduction des effectifs, la spatialisation des artistes. Dans une abbaye, tout est plus simple et plus naturel car on y rêve d’être seul avec les artistes. Le vide est un luxe. Mais nous avons pu trouver un équilibre financier. Il ne manque que les autorisations.
Quels sont les scénarios envisageables ?
Si on n’ouvre pas en septembre, pourquoi en octobre ou en novembre ?"
Il y a quatre cas de figure. D’abord le cas optimiste qui consisterait à tout ouvrir avec les jauges d’origine. Dans ce cas, l’enjeu sera de recréer le désir : il faut que le public vienne toujours malgré les contraintes qui demeurent. Les mesures barrières peuvent créer aussi des barrières psychologiques. A l’inverse, il y a le scénario catastrophe où tout reste fermé. La troisième option serait une ouverture par défaut, qui reposerait sur la conviction qu’il faut recréer un lien physique avec le public et que l’univers virtuel et numérique a ses limites. Dans ce cas, le spectacle vivant doit reprendre ses droits. Il faut alors inventer de nouveaux spectacles qui permettent d’être joués à jauge restreinte, avec de plus petites formes. On pourrait par exemple inverser salle et scène : installer un public restreint sur la scène dans un espace qui donnera l’impression d’être plein avec les artistes qui jouent dans la salle. 60 personnes sur le plateau de l’Opéra Comique c’est magique. 250 personnes dans la salle c’est déprimant. Cette solution marche un mois, et ne justifie pas bien sûr 8 M€ de frais de fonctionnement. Or, si on n’ouvre pas en septembre, pourquoi ouvririons-nous en octobre ou en novembre ? Il y a donc un quatrième scénario utopiste dans lequel on garde la programmation prévue mais on joue avec des tiers ou des quarts de jauges. C’est irréaliste d’un point de vue économique, bien sûr : on ne peut pas construire une programmation en se basant sur une hypothèse de remplissage de 90% et faire comme si cela ne changeait rien de passer à 25%. Mais il y a également des conséquences artistiques : si certains lieux et certains spectacles sont favorables aux jauges contenues, pour d’autres la dynamique, l’énergie tient dans la relation au public et dans sa densité.
Vous semble-t-il possible de jouer sans entracte ?
Il n’y a que des cas particuliers. Il y a un principe de réalité qui fait que les préconisations peuvent s’appliquer dans certains lieux mais être totalement impraticables dans d’autres. La question est ce que l’on est en mesure de proposer techniquement et artistiquement pour créer un lien de confiance et de sécurité. Par exemple, pour le Festival de Lessay, j’ai revu la programmation pour que tout soit sans entracte. Mais un opéra de trois heures ne peut pas se jouer sans entracte. Les spectateurs sortiraient de toute façon de manière inopinée, mettant en péril les mesures barrières que nous aurions mises en place.
Qu’attendez-vous des annonces du gouvernement début juin ?
pas plus de risques que ceux qu’ils prennent ailleurs au quotidien"
Quoi qu’il arrive, si un foyer de contamination se produit dans son théâtre, le seul responsable sera le Directeur, quelles que soient les mesures autorisées par le gouvernement. Partant de là, le mieux serait de laisser les directeurs de chaque maison assumer pleinement la responsabilité des conditions de réouverture. Il faut mettre en place un cadre général, et chaque lieu en fonction de la nature de ses spectacles, de son lieu, de ses espaces, doit pouvoir décider de la manière dont il les applique. Si le déconfinement se passe bien, nous ferons en sorte que les spectateurs et les artistes ne prennent pas plus de risques que ceux qu’ils prennent ailleurs au quotidien. Il s’agit de mettre le spectateur et l’artiste en confiance sur l’absence de danger. Si le virus est actif, le public n’aura de toute façon pas envie de venir. La crainte persistera quelles que soient les mesures que nous mettrons en place. On rentre tellement dans le détail des prescriptions qu’on en oublie un principe évident qui va nous guider le moment venu, qui est celui de la confiance mutuelle et la sécurité que ressentiront le public, les artistes et les organisateurs. C’est un élément fondamental. Et n’acceptons pas les annulations de spectacles très anticipées et abusives qui n’ont pas encore de fondements avérés.
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