ANAMORFOSI
MONTEVERDI | CAVALLI | ROSSI | ABBATINI | MARAZZOLI | ALLEGRI |
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- CLAUDIO MONTEVERDI (1567-1643)
- Pascha Concelebrandra
- Pascha Concelebrandra
- FRANCESCO CAVALLI (1602-1676)
- Sinfonia
- LUIGI ROSSI (1597-1653)
- Un allato messagier
- CLAUDIO MONTEVERDI (1567-1643)
- Si dolce e’l martire
- Anonyme
- Domine ne in furore
- ANTONIO MARIA ABBATINI (1595-1679)
- Sinfonia
- MARCO MARAZZOLI (1602-1662)
- Passacaglioa Chi fa?
- Un sonno ohimè
- Anonyme
- Telluris alma Conditor
- GREGORIO ALLEGRI (1582-1652)
- Miserere mei Deus
Durée 70 min
9 musiciens
9 choristes
Vers 1630 en Italie, un voyageur franchit le seuil d’une église. Double vertige ! Tandis que l’œil se perd dans la profusion baroque, l’oreille croit rêver. Quels sont ces bruits de bataille, ces plaintes amoureuses, ces disputes théâtrales qui ont remplacé les cantiques ? Et pourtant : c’est bien en latin que résonnent, sous les voûtes surchargées, entre les colonnes torses, les noms du Christ et de la Vierge.
Malgré la surprise des visiteurs – hier comme aujourd’hui –, l’affaire est entendue dans l’Italie du Seicento. Depuis la naissance de l’opéra, la langue musicale est celle des passions ; même à l’église, où saints et pécheurs s’expriment comme des figures lyriques. Parfois le spirituel entre lui-même en scène, comme dans La Vita humana de Marazzoli qui confronte, sous forme de personnages, les passions contraires de l’âme.
Du profane au sacré, les voix souvent se confondent. On pense au Pianto della Madonna, où Monteverdi reprend note à note son bouleversant lamento d’Ariane, ne changeant que le texte. Mais de telles métamorphoses sont courantes : chez Monteverdi toujours, Pascha concelebranda emprunte au très célèbre Altri canti di Marte son fracas guerrier, sonnant la victoire du Christ sur la mort. Sì dolce è l’martire garde la tendresse chaloupée d’une page amoureuse, et Maria quid ploras transforme une peine de cœur en plainte de la Vierge. De même chez d’illustres contemporains : la cantate de Luigi Rossi sur la mort glorieuse de Gustave II devient – toujours en changeant les paroles – une scène de la Passion.
Suite de l’album Nova Metamorfosi – l’un des plus grands succès du Poème Harmonique –, ce programme inclut dans sa version étoffée le Miserere d’Allegri : joyau polyphonique transfiguré par un retour aux manuscrits, ainsi qu’une ornementation exaltée. Ultime métamorphose, par l’improvisation, d’un faux-bourdon devenu chef-d’œuvre et quintessence du baroque.