STABAT MATER
SCARLATTI | DVORAK
- ANTONIN DVORAK (1841-1904)
- Stabat Mater
- DOMENICO SCARLATTI (1685-1757)
- Stabat Mater
Durée env. 1h55, avec entracte
4 solistes, 20 chanteurs, 20 instrumentistes
10 violons, 4 altos, 3 violoncelles, 1 contrebasse, 1 théorbe, 1 claviériste (piano + orgue)
DEUX VISIONS POUR UN MÊME TEXTE : UNE SEULE ŒUVRE
Domenico Scarlatti et Antonín Dvořák ont l’un et l’autre commencé leur apprentissage musical à l’église, en tenant les claviers des orgues. Très vite, leur talent en ont fait des virtuoses de leur instrument. Mais d’autres parallèles plus singuliers lient la vie de ces deux compositeurs : tous deux ont eu le même nombre d’enfants, ont fort souffert de la perte d’êtres chers, leurs villes natales sont placées sur le même méridien et ils ont composé leur Stabat Mater au même âge. Une même tonalité unit ces deux pièces, à laquelle nous devons, selon Simon-Pierre Bestion, « une seule représentation de la douleur d’une mère perdant injustement son fils ». Les deux oeuvres débutent l’une comme l’autre par une sorte de débordement d’émotion intérieure, qui se traduit chez Dvořák comme chez Scarlatti par de sublimes mélodies vocales, d’une variété qui paraît infinie. Ce rapprochement constitue le fil conducteur du programme. Grâce à une adaptation de la pièce de Dvořák à l’effectif de chambre et l’ajout d’un double-sextuor de cordes, la réunion des deux œuvres mettra en lumière les liens invisibles qui unissent les deux compositeurs à travers l’espace et le temps.
Note d’intention
Tous deux ont commencé leur apprentissage musical à l’église, en tenant les claviers des orgues, et très vite, leur talent font d’eux de véritables virtuoses de leur instrument.
Le père de Domenico, Alessandro, a été le premier maître de musique du jeune compositeur, un vrai modèle, un homme qui croyait plus que tous les autres aux talents de son fils, un vrai soutien certes, mais peut-être aussi quelque peu étouffant… Pendant de nombreuses années, son père l’accompagne partout : Florence, Rome, Venise… Et c’est dans cette dernière ville que l’on dit qu’en cinq années, Domenico n’aura pas reçu une seule commande d’opéra alors que son père en aura décroché deux ! Dure réalité où concurrence coexiste avec bienveillance et admiration. À 35 ans seulement, Domenico quitte son père pour rejoindre la cour royale du Portugal, et c’est à l’âge de 42 ans, quelques années après la mort de son père, qu’il se marie avec la très jeune Maria Carolina Gentili. C’est à partir de ces années là que ses oeuvres seront de plus en plus diffusées et reconnues en Europe.
Le rôle du père d’Antonín Dvořák n’est pas moins important que celui de Domenico Scarlatti, mais d’une toute autre façon. Son père est un musicien amateur, mais il est surtout boucher et tient avec sa femme l’auberge d’un village à quelques kilomètres au nord de Prague. Loin d’avoir pour son fils des projets musicaux, il rêve qu’Antonín prenne la suite de sa boucherie et c’est pour cette raison qu’il y travaillera jusqu’à l’âge de 16 ans. Malgré cela, ses professeurs d’orgue arrivent à convaincre le père Antonín Dvořák de l’envoyer au Conservatoire de Prague au vue de de ses talents. C’est dans l’orchestre de cette ville, où il est engagé comme altiste, qu’il rencontrera son père spirituel musical, le compositeur national Bedřich Smetana. À l’âge de 32 ans il se marie avec la jeune chanteuse Anna Čermakova, et devient proche et ami de Brahms. Grâce à ce dernier qui fait éditer ses premières oeuvres, il acquiert progressivement une réputation dans toute l’Europe et bientôt jusqu’à New-York.
Simon-Pierre Bestion
Photo Hubert Caldaguès – Photoheart