Amarillis
Héloïse Gaillard
Véronique Gens – Marie Perbost

Distribution

soprano
soprano
hautbois, direction artistique

À propos

FLAMMES DE MAGICIENNES
REBEL | CHARPENTIER | MARAIS | LULLY | DESMAREST | LECLAIR | RAMEAU

 

MEDEE VENGERESSE ET CRUELLE

  • JEAN-FERY REBEL (1666-1747)
    • Le Chaos (extrait de sa symphonie intitulée Les Éléments)
  • MARC-ANTOINE CHARPENTIER (1643-1704)
    • Prélude instrumental et air « C’en est fait on m’y force » (Médée, acte III, scène 4)
  •  MARIN MARAIS (1656-1728)
    • Tempête (extraite d’Alcyone, 1706, acte IV, scène 4)
  • MARC-ANTOINE CHARPENTIER (1643-1704)
    • Air « Noires filles du Styx » (Médée, III, 5)
    • Les combattants (IV, 6)
    • Air « Dieux du Cocyte et des royaumes sombres » (III, 7)
    • Seconde entrée des démons

MEDEE AMOUREUSE ET HUMAINE

  •  MARC-ANTOINE CHARPENTIER (1643-1704)
    • Ritournelle pour les flûtes (Médée, acte III, scène 2)
    • Air « Quel prix de mon amour » (Médée, III, 3)
  •  MARIN MARAIS (1656-1728)
    • Chaconne (extraite de Sémélé, acte II)

LES TOURMENTS AMOUREUX DE CIRCE

  •  HENRI DESMAREST (1661- 1741)
    • Air « Désirs, transports, cruelle impatience » (Circé, III, scène 1)
  • JEAN-BAPTISTE LULLY (1632-1687) Extraits de la Suite du Temple de la Paix et de l’Idylle sur la Paix
    • Rondeau
    • Gigue
    • Entrée des Basques
  •  JEAN-MARIE LECLAIR (1697-1764)
    • Air « Serments trompeurs » (Scylla et Glaucus, acte III, scène 1)
    • Premier air en rondeau (III, 3)
    • Loure (III, 3)

L’INVOCATION DE CIRCE

    • Invocation Noires divinités (IV, 4)
    • Deuxième air des démons (IV, 5)ENTRACTE

DU DESESPOIR A LA FOLIE

  •  JEAN-PHILIPPE RAMEAU (1683-1764)
    • Air tendre « Calme des Sens » et « Gavotte » (Dardanus, 1739, acte IV, scène 2)
    • Bruit de guerre (Dardanus, 1744, Entr’acte avant acte V)
    • Prélude (Castor et Pollux, I, 1)
    • Air de Télaïre « Tristes Apprêts » (Castor et Pollux, I, 3)
    • Entrée des égyptiens et des égyptienmes (Les Fêtes de l’hymnen, III, 3)
    • Premier et deuxième tambourins (Dardanus)
    • Air de la Folie « Formons les plus brillants concerts » (Platée, 1749)* Partitions éditées par le Centre de Musique Baroque de Versailles.

Durée  1h10
Avec entracte

Ensemble de 17 musiciens

 

Note d’intention
J’ai souhaité faire revivre le temps d’un programme des héroïnes profondément attachantes mais aussi coupables dans leurs agissements. Crimes et maléfices, au 17e et 18e siècles, sont ainsi souvent associés dans la dramaturgie. Ainsi, Médée, personnage mythique et complexe, aux multiples facettes, amoureuse et passionnée, se montre aussi cruelle et vengeresse lorsque les êtres humains, et en premier lieu son amant Jason, se détournent d’elle et la trahissent.

Médée, reine, petite fille du soleil et soeur de Circé traverse toute l’histoire de l’opéra mais c’est certainement Marc-Antoine Charpentier et son librettiste Thomas Corneille, dans sa tragédie lyrique, datant de 1693, qui en ont dressé un des plus vibrants portraits. Ils ont choisi de raconter l’épisode lié aux événements corinthiens. En effet, Médée a fui avec Jason après avoir trahi son père, tué son frère pour l’amour de Jason. Ils trouvent refuge à Corinthe mais Jason, perfide et ingrat, se détourne de Médée après lui avoir donné deux enfants. Le roi Créon accorde sa fille Creuse à Jason, ce qui provoque la colère et le désir de vengeance de Médée.

On retrouve Circé, autre figure de magicienne et d’amoureuse éconduite dans les Métamorphoses du poète latin Ovide mais aussi chez Thomas Corneille au 17e, dans sa pièce, Circé, écrite en 1675. Circé, qui a échoué à se faire aimer du dieu Glaucus, lui-même soupirant pour la nymphe Scylla, se venge sur cette dernière et la change en créature mi-femme, mi-chiens se métamorphosant enfin en un rocher. Lorsque Jean-Marie Leclair et son librettiste, un certain Albaret, s’empare du sujet en 1746, ils composent un chef d’oeuvre. Danseur, violoniste virtuose et compositeur accompli, Leclair insuffle à sa tragédie sa maîtrise du langage et de la prosodie héritée de la tradition lulliste tout en y apportant sa part de modernité démontrée dans sa musique instrumentale. Les airs choisis sont habités par un souffle dramatique puissant et épousent à merveille les états d’âme contrastés de Circé, nous transportant tantôt vers une volupté sensuelle et poétique dans l’air « serments trompeurs » que vers des accès de colère dans l’air « tout fuit tout disparait »avant de culminer dans l’Invocation de la magicienne, d’une puissance émotionnelle et dramatique particulièrement remarquables.

Enfin la troisième partie de ce programme sera consacrée à Jean-Philippe Rameau, qui ne compose que tardivement pour l’opéra, à l’âge de 50 ans, et ne cesse de mettre en musique des personnages amoureux déchirés par la passion, aux prises avec les émois et les tourments de leur coeur. Ce théoricien à l’esprit cartésien laisse alors libre cours à sa sensibilité et devient poète dans la musique de ses tragédies. Alors peut commencer un voyage à la recherche des différentes facettes de l’Amour grâce aux émotions qu’il suscite et provoque.

Ainsi ses héros passent par l’épreuve du sacrifice, révélant avec une intensité bouleversante la souffrance et le désespoir au coeur des passions humaines, comme on pourra l’entendre dans l’air « Tristes apprêts » extrait de Castor et Pollux. Rameau pourtant ne laisse jamais la séparation et la mort l’emporter sur les bonheurs de l’amour. Il choisit plutôt de se faire l’écho de la pensée de Platon : « Eros bâtit sa demeure dans le coeur des hommes mais non dans tous les coeurs, car où il y a dureté, il s’éloigne…Celui qui est touché par l’amour ne marche jamais dans l’ombre. » En témoigne la musique brillante de l’air de l’Amour Lance tes traits qui rend hommage à l’Amour et le glorifie en lui enjoignant de régner et de lancer ses traits dans nos âmes. N’oublions pas que le personnage de la Folie, ce double étrange et inquiétant du
compositeur, nous met en garde contre les vengeances de l’Amour dès lors qu’il est négligé ou exclu : « Que l’Amour est cruel, quand il est outragé !  » Rameau, ce musicien que l’on nous dit sec et maigre d’apparence, secret et peu sociable, a mis l’Amour au coeur de ses tragédies. Sa musique à la sensualité raffinée accompagne et nous fait vivre les émotions en jeu au travers des alliances voluptueuses et colorées des timbres de nos instruments.

Enfin j’ai souhaité rendre hommage à un grand compositeur dont nous fêtions en 2016 le 350e anniversaire de sa naissance, Jean-Féry Rebel, en commençant le programme par une pièce descriptive absolument étonnante, au langage harmonique extrêmement audacieux et personnel, dont l’orchestration inventive force l’admiration. La musique , à elle seule, sans l’appui de la parole, parvient à rendre compte de la confusion du cosmos. Ainsi aux bouleversements amoureux de Médée répondra le désordre de la nature. Sans oublier que quelques danses, telles que chaconne, airs des démons, gavotte et autres rigaudons, attiseront les esprits enflammés de ces magiciennes au coeur tendre et passionné.

Héloïse Gaillard

En tournée :

  • 2 juillet 2022 Report Festival de Froville  Flammes de magiciennes
  • 5 août 2022 Heures Musicales de l’Abbaye de Lessay  Flammes de magiciennes
  • 24 novembre 2022 De Bijloke, Gent  Flammes de magiciennes
  • 26 novembre 2022 Opéra de Massy  Flammes de magiciennes