Les Talens Lyriques
Christophe Rousset

SYMPHONIES 7 & 8 DE BEETHOVEN 

• LUDWIG VAN BEETHOVEN (1770-1827)
  • Symphonie n°8 op.93 en fa majeur (1814)
    • Allegro vivace e con brio
    • Allegretto scherzando
    • Tempo di menuetto
    • Allegro vivace
  • Symphonie n°7 op.92 en la majeur (1813)
    • Poco sostenuto. Vivace
    • Allegretto
    • Presto
    • Allegro con brio

40 musiciens

Durée 70 min 

Ces deux symphonies ne sont pas du tout le répertoire habituel des Talens Lyriques. On a eu la chance de pouvoir jouer la 3ème, j’ai eu la chance de pouvoir diriger la 4ème et la 1ère avec d’autres orchestres que les Talens Lyriques. C’est une rhétorique dans laquelle je me sens curieusement très à l’aise. Je dis bien «curieusement» parce qu’il y a une grandiloquence chez Beethoven qui pourrait ne pas être tout à fait en accord avec l’intimisme du claveciniste ! Mais c’est tout d’abord une musique que j’ai adorée quand j’étais très jeune. Quand j’avais 10 ans, j’étais un fervent admirateur de Beethoven, je l’écoutais en boucle jusqu’à ce que j’arrête de l’écouter parce que je l’avais «usée». C’est un peu comme lorsqu’on regarde trop la Joconde ou lorsqu’on regarde trop le Gilles de Watteau, il y a un moment où on n’arrive plus à voir. Je n’arrivais plus à entendre cette musique, donc il a fallu que je revienne à Beethoven par la direction, par l’intérieur, par la découverte de la matière elle-même, de la structure des choses, du développement, de la fibre orchestrale, etc.

C’est totalement fascinant et c’est une joie inimaginable pour un chef de jouer cette musique. C’est même un peu dangereux pour moi parce qu’après je risque de m’ennuyer dans le baroque. (rires) C’est une façon de pouvoir s’exprimer qui est phénoménale du point de vue aussi bien de la gestuelle que du point de vue expressif ! Ce n’est pas un hasard si ces symphonies sont tellement jouées : c’est qu’il y a vraiment une charge incroyable qui est très précieuse. Je me dis donc : « pourquoi se priver de la chance de fréquenter ce répertoire ? ». Dans la musique qu’on a pu aborder avec les Talens Lyriques, que ça soit la Médée de Cherubini, l’Uthal de Méhul ou Les Danaïdes de Salieri, il y a une charge beethovénienne qui est présente soit en germe, soit déjà germé et c’est un espèce de flux incroyablement énergétique, du point de vue instrumental assez athlétique et en tout cas très gratifiant à diriger pour le chef.

Christophe Rousset

Photo © Eric Larrayadieu 2019